C’est au journaliste sportif Henri Desgrange que l’on doit la formule « Le Grand Match ». Il l’emploie dès la déclaration de guerre, exhortant ses « p’tits gars français qui ne peuvent que l’emporter face aux moutons stupides que sont les ennemis ». Las, les premiers affrontements montreront vite qu’il ne s’agit pas d’une rencontre amicale. La Première Guerre mondiale vient brutalement mettre un terme à « la belle époque », une période pendant laquelle les compétitions sportives ont suscité un intérêt grandissant de la part du grand public qui se passionne pour le cyclisme, la boxe, ou le tennis.
Compétiteurs et combattants
Exposition Le Grand Match à la Caverne du Dragon
De nombreux sportifs se retrouvent mobilisés au front sur le Chemin des Dames. Des athlètes « de haut niveau » dirait-on aujourd’hui, à l’image de l’Ecossais Ronald Simson, premier international de rugby à tomber au front en septembre 1914, ou de Maxime Decugis, premier tennisman français à remporter le Grand Chelem en 1911 qui lui, aura la chance d’en revenir vivant. Une vingtaine de ces compétiteurs devenus combattants sont ainsi présentés et presque rendus à la vie par une scénographie qui fait évoluer le visiteur au milieu de leurs silhouettes.
François Poeydebasque, rugbyman fauché à Craonnelle, Léonard Slater, champion de cricket tombé à Cerny-en-Laonnois, Frank Henry, cycliste vainqueur du Paris-Roubaix, mortellement touché à Courcelles-sur-Vesle, la plupart des sportifs mis à l’honneur dans cette exposition étaient Français ou Britanniques. Mais l’on retiendra aussi le sort funeste réservé à Julius Hirsch, footballeur juif allemand, décoré de la croix de fer en 1918, déporté et assassiné au camp d’Auschwitz en 1943.
Un nouvel élan sportif
Exposition Le Grand Match
Derrière les histoires individuelles, l’exposition s’attache aussi à illustrer comment la pratique sportive va se voir graduellement encouragée au sein des troupes. La guerre de position se traduit par un véritable manque d’activité physique pour les soldats et le sport devient rapidement un remède à l’ennui. Après la terrible offensive de 1917, une crise des refus d’obéissance traverse l’armée française et l’état-major tente d’améliorer le quotidien des poilus. Ordre est donné aux officiers de laisser du temps aux troupes qui reviennent d’une offensive.
Du temps pour se reposer et du temps pour se changer les idées. Les matchs de football ou les combats de boxe sont d’abord autorisés puis encouragés du fait de leur impact positif sur le moral des troupes. Le sport aux armées devient vite international avec des rencontres sportives entre soldats français et soldats du Commonwealth, notamment en rugby, puis dans des disciplines nouvelles comme le baseball, le volleyball et le basketball importés par les Américains.
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- Gratuit