• Terre de mémoire

Publié le 22 novembre 2021 - Mis à jour le

Bataille de France : une œuvre pour se souvenir

80 ans après, l’Aisne commémore les soldats tombés durant la bataille de France en mai-juin 40. Une œuvre mémorielle a été dévoilée à Montcornet, surplombant les noms des 787 soldats axonais ayant péri dans ces combats.

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Dans le cadre du 80e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale, le Département de l’Aisne s’inscrit dans un cycle mémoriel de 2020 à 2025, avec une première étape en 2020 : la commémoration de « La Bataille de France dans l’Aisne en 1940 et de l’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940 ».

Le Département a passé commande d’une œuvre d’art intitulée « La Résilience » à l’artiste plasticienne française Emilie Prouchet-Dalla Costa qui s’inscrit dans un ensemble mémoriel comportant les noms des 787 soldats axonais morts durant la Bataille de France en mai-juin 1940.

Initialement prévues en 2020, l’installation et l’inauguration de l’œuvre ont été reportées, suite à la crise sanitaire. L’œuvre a finalement été dévoilée et inaugurée le dimanche 21 novembre 2021, veille de la naissance de Charles de Gaulle. Pour l’occasion, de nombreux porte-drapeaux étaient présents, aux côtés d’un détachement de militaires du Cenzub de Sissonne, de tambours et clairons locaux, des pompiers des casernes locales, des élèves du collège Charles de Gaulle de Montcornet des jeunes de l’EPIDE de Saint-Quentin et Cambrai. 

« Certains en contempleront l’esthétique, d’autres en admireront la portée symbolique, mais nul ne pourra rester indifférent devant cette œuvre d’art qui, désormais, matérialisera et rappellera le souvenir des durs et âpres combats du printemps 1940, rappellera le souvenir de nos valeureux soldats, dont la mémoire a parfois été malmenée, mais qui ont combattu jusqu’au sacrifice. » Nicolas Fricoteaux, président du Conseil départemental de l’Aisne

Les différents intervenants ont rappelé le poids de cette défaite historique dans l’Histoire de France. 5 021 soldats ont péri en 6 semaines de combats entre mai et juin 1940 sur le front de l’Aisne.

« Le 17 mai, la ville de Montcornet se trouve en première ligne. A la tête de la 4e division française cuirassée, le colonel Charles de Gaulle décide d’attaquer les Allemands avec les forces qui lui seront parvenues » rappelle le président Fricoteaux.

« Quatre-vingt-un ans plus tard, nous honorons la mémoire de ceux qui ont courageusement combattu pendant cette journée du 17 mai, jusqu’au sacrifice ultime, mais aussi celle de ces milliers de civils qui durent, au péril de leur vie, quitter leurs foyers et emprunter le chemin de l’exode. »

Dans ses « Mémoires de Guerre », Charles de Gaulle décrira les « lamentables convois de réfugiés » avant d’ajouter : « au spectacle de ce peuple éperdu et de cette déroute militaire, au récit de cette insolence méprisante de l’adversaire, je me sens soulevé d’une fureur sans bornes. […] La guerre commence infiniment mal. Il faut donc qu’elle continue. Il y a pour cela, de l’espace dans le monde. Si je vis, je me battrai où il faudra, tant qu’il faudra, jusqu’à ce que l’ennemi soit défait et lavée la tache nationale. Ce que j’ai pu faire par la suite, c’est ce jour-là que je l’ai résolu ».

Avec cette œuvre unique, « La résilience », conçue par Emilie Prouchet-Dalla Costa, le Conseil départemental se fait un devoir de rappeler le souvenir, qui leur est dû, à tous ceux, soldats et civils, qui furent les victimes de ces terribles journées de mai-juin 1940. 

« Le souvenir est le seul rempart contre la folie meurtrière qui couve dans le cœur des hommes. Se souvenir, c’est alimenter les consciences, c’est entretenir le fil qui relie chacun d’entre nous à l’histoire commune qui constitue la trame de notre nation. Se souvenir, c’est maintenir la conviction dans la mémoire collective que les sacrifices des nôtres n’auront pas été vains. Notre histoire est le ciment de l’unité de notre nation. Alors, souvenons-nous ! » a conclu le Préfet de l'Aisne, Thomas Campeaux. 

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Pour faire vivre le devoir de mémoire, la jeune génération a été activement mobilisée pour cette cérémonie. Deux témoignages sur les combats et sur l’exode de mai 1940 ont été lus par deux jeunes de l’EPIDE de Saint-Quentin et de Cambrai. Enfin, la Marseillaise a été reprise par les jeunes de l’EPIDE et les élèves du collège Charles de Gaulle de Montcornet. Un bel hommage.

Une œuvre symbolique

Afin de personnifier les combattants de la Bataille de France et la 4e DCR, l’œuvre est composée de lames comportant chacune un portrait sculpté. Aux côtés du colonel Charles de Gaulle, l’artiste a représenté des soldats d’unités ayant combattu durant la bataille : fantassin, cavalier, chasseur alpin, zouave, tankiste, aviateur.

Ces lames d’acier Corten symbolisent le métal des chars, comme éclaté après avoir été percuté par un obus, et la dernière muraille qui défend le territoire de la République. Les lames, disposées en cercle, forment un mouvement de spirale, évoquant le tourbillon de l’histoire qui s’emballe, emportant les hommes.

Enfin, l’œuvre représente la pensée de résistance de Charles de Gaulle face à l’avancée allemande, préfigurant son appel du 18 juin, à poursuivre le combat. Elle honore la mémoire de ceux qui se sont battus avec l’énergie du désespoir, alors que tout semblait perdu, et qui ont résisté.

Bataille de France : inauguration de l'œuvre "La résilience"