• Patrimoine

Publié le 27 mai 2021 - Mis à jour le

L’abbaye Saint-Vincent livre ses secrets

Le diagnostic archéologique mené par les équipes du Département sur le site de l’abbaye Saint-Vincent à Laon a révélé des vestiges du XVe siècle ainsi que des sépultures probablement carolingiennes.

Fondée au VIe siècle, l’abbaye Saint-Vincent est l’un des plus anciens édifices religieux de la ville de Laon. Maintes fois pillée, incendiée et reconstruite au cours de son histoire, c’est aujourd’hui une ruine dont il ne subsiste que le logis abbatial du XVIIIe, mais dont le potentiel archéologique est indéniable. Dans ce cas de figure, tout projet d’aménagement de la zone doit attendre qu’un diagnostic archéologique soit posé. Il s’agit de sauvegarder, par l’étude, les témoignages du passé qui sommeillent sous terre, étape qui peut amener à prescrire par la suite une campagne de fouilles préventives.

Panoramique fouilles St Vincent 1

Dans le cadre d’un projet de réhabilitation porté par la ville de Laon, le Pôle archéologie du Département de l’Aisne a investi le site de Saint-Vincent entre le 8 mars et le 14 avril. Sous la direction d’Etienne Lallau, spécialiste du Moyen Âge et de l’Époque moderne, une équipe de huit personnes a fouillé méthodiquement les 5 hectares du site selon les principes d’un diagnostic qui consiste à ouvrir à l’aide de pelles mécaniques des tranchées permettant de sonder 10% de l’emprise.

 

Tombe maçonnée St Vincent

Une nécropole du Haut Moyen Âge

« La première abbaye s’est implantée à proximité d’une nécropole dont nous avons peut-être mis au jour la limite orientale, précise l’archéologue. Les sépultures qui ont été découvertes dans ce secteur sont probablement carolingiennes. » Il faut rappeler que l’abbaye Saint-Vincent était le 2e siège de l’évêché, ce qui lui conférait d’emblée une grande importance, et qu’elle possédait aussi un droit exclusif de sépulture pour l’ensemble de la ville.

« D’autres inhumations, notamment en tombes maçonnées, ont aussi été identifiées dans la nef de l’ancienne église abbatiale. Mais en dehors du funéraire, l’une des plus belles découvertes a été celle d’un petit cabinet, probablement du XVe siècle, qui a conservé sa cheminée et un sol pavé richement décoré. »

Montage cabinet XVe cheminée et sol pavé

Facade abbaye St Vincent

Plonger dans l’histoire

De sa fondation, il y a près de 1 400 ans, jusqu’à son usage comme arsenal militaire au XIXe siècle, l’abbaye Saint-Vincent a traversé toute l’histoire de France mais elle ne livre pas facilement ses secrets. Et certainement pas au premier venu. Il faut l’œil d’un expert pour lire les strates d’une tranchée et repérer les petits bouts d’histoire que la glaise laisse deviner. Après les fouilles, de nombreuses analyses doivent encore être menées, notamment pour confirmer les premières datations proposées.

 

Un site religieux comme celui-ci a aussi suscité de nombreuses convoitises au fil des siècles. « Certaines tombes ont visiblement déjà été ouvertes à une époque antérieure, relève Nadège Robin, anthropologue de l’équipe. C’est visible par exemple sur ce squelette de femme dont les côtes cassées indiquent qu’on lui a probablement arraché sa parure. »

Transmettre et valoriser

Le chantier a aussi été l’occasion d’organiser des visites à portée pédagogique avec les écoles de la Ville. Les élèves de la section cinéma-audiovisuel du lycée Paul Claudel ont également pu réaliser des vidéos qui seront présentées à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, les 18 et 19 septembre prochains, en même temps que seront proposées des ateliers et des visites du site.

 

Fouille d'une tombe abbaye St Vincent