Pour répondre au mieux à ces objectifs, la BDA a créé un poste dédié à ce public et a confié cette mission à Muriel Lécuyer, dotée d’une solide expérience en matière d’action sociale.
Casser les idées reçues
Lutter contre l’illettrisme est un enjeu majeur de l’action départementale, d’autant que, comme le souligne Emilie Thilliez-Fernandes, directrice de la BDA : « Là où d’autres territoires fortement impactés voient la courbe s’inverser, l’Aisne ne connaît pas d’amélioration. »
L’illettrisme touche des personnes qui ont suivi un cursus scolaire pendant au moins six ans mais qui, pour autant, ne maîtrisent pas les base du langage écrit. La première intervention de Josiane Dupont, consultante en formation, a notamment eu le mérite de battre en brèche certains préjugés juste en s’appuyant sur quelques chiffres. Il est intéressant de savoir par exemple que parmi le public des bénéficiaires du RSA, seulement 20 % sont confrontés à un problème d’illettrisme. Et avant d’envisager la mise en place d’actions spécifiques, il est bon d’avoir intégré que 50 % des personnes concernées par des problèmes d’illettrisme sont des gens qui travaillent et qui sont insérés socialement. C’est néanmoins une situation en général très mal vécue par ces personnes qui mettent dès lors en place tout un arsenal de stratégies d’évitement pour ne pas être pris en défaut vis-à-vis de leur problème de lecture et d’écriture.
Chef de service de la Bibliothèque départementale des Ardennes et responsable du groupe “illettrisme“ à l’association de bibliothèques de France (ABF), Jean-Rémi François a pour sa part détaillé le projet « bibliothèque pour tous » faisant un retour sur l’expérience d’une résidence artistique menée avec l’illustrateur Rascal.
La Bibliothèque départementale de l’Aisne avait également invité l’association « Signes de sens » avec qui elle est en convention depuis un an pour déployer sur le territoire une action basée sur un équipement ludique : « Bili, la brouette qui cultive le goût des livres ».
« La journée a été particulièrement riche, conclut Emilie Thilliez-Fernandes. Les débats ont montré un réel engagement à mener des actions visant un public pour qui pousser la porte d’une bibliothèque n’est pas un acte anodin. »