Le moulin est une vieille invention que l’on doit aux Grecs. Qu’ils utilisent la force du vent ou de l’eau, les moulins se sont répandus en France à partir du Xe siècle et ce sont les abbayes qui contribuèrent le plus à leur prolifération. Pays de rivières, l’Aisne a vu les roues à eau s’installer dans toutes ses vallées, on comptait 937 moulins en fonctionnement au début du siècle dernier. Beaucoup usaient d’un « droit d’eau en titre », c’est-à-dire perpétuel car antérieur à la Révolution. Ces « droits de moulin », délivrés sous le régime féodal, n’ont en effet été ni abolis, ni rachetés aux seigneurs en 1789. Offrant souvent de grands espaces intérieurs, certains ont été reconvertis en bâtiments à vocation culturelle, d’autres sont devenus des habitations privées, comme à Agnicourt-et Séchelles, ou des gîtes touristiques, comme ce fut le cas au Moulin de Travecy.
La plupart de ces équipements étaient dédiés à la production de farine ou au foulage de la laine, mais dès l’invention de la turbine en 1844, la transformation de la force de l’eau en énergie électrique va s’imposer et les quelques moulins encore en activité sont pour la plupart des microcentrales. C’est le cas par exemple sur le Vilpion au Moulin de la Plaine, situé à Marle, ainsi qu’au Moulin de Lucy, en amont de Ribemont. « L’hydroélectricité est la première production d’énergie renouvelable » rappelle Hubert de Bruyn, exploitant du site. « Un moulin contribue aussi à réguler la rivière et à filtrer beaucoup des déchets qu’elle charrie. » Construit sur cinq niveaux, ce moulin bâti le long de l’Oise est équipé d’une turbine hydraulique de type Francis à axe vertical qui fut installée vers 1900 à l’emplacement de la roue à aubes d’origine.